Sous la robe
A l’approche des vacations judiciaires, les jambes se déshabillent.
Des sandales monacales ou débridées dévoilent des orteils épilés ou poilus et quelques ongles de pied émaillés de couleur.
Craignant d’être en retard à l’appel des causes, des brésiliennes caoutchoutées claquent sur les dalles tandis que des mules ralentissent la course de leurs émules.
L’aération se fait rare dans les salles d’audience.
Les manches bordées de soie tentent bien des remontées vers les grands pectoraux mais elles retombent lourdement jusque sous les coudes.
Des cotes de plaidoirie servant d’éventail découvrent d’autres avants bras ; et des rabats déboutonnés laisse un peu d’air pénétrer dans les encolures.
C’est qu’il fait chaud sous la robe !
Les tailleurs ont beau nous vanter la légèreté de leurs tissus, le costume d’exercice, c’est-à-dire de mouvement, ne l’oublions pas – n’est guère fait pour la chaleur.
Une chance cette année, le temps n’est pas à la canicule.
Mais on a connu des étés plus ardents où les magistrats du siège – bien que moins en mouvement que nous – prônaient l’abolition de la robe à leur audience, laissant alors entrevoir des hauts colorés et des chemisettes sans cravate.
On découvrait aussi, dévoilés par nos robins, ô surprise, des hauts comme des bas, faits de tenues légères ou dénués de toute tenue ……
L’Impertinente, 29.7.2021
Comments