Ce n’est pas qu’elles occupent toutes nos pensées, de celles-là nous en avons la tête pleine et parfois très lourde quand nous plaidons.
C’est qu’elles nous collent au corps et qu’elle ne font plus qu’un de nous deux.
Usées, particulièrement après plusieurs années d’exercice, déboutonnées ou tachées au gré de nos manies, nos tics ou nos tocs, elles nous appartiennent à proprement parler.
Dans mon cas, comme elle ne possède ni marque apparente, ni décoration, mon nom en lettres anglaises blanches brodées sur sa martingale constitue le seul élément de personnalité de ma robe, au-delà du parfum dont je la vaporise de temps en temps, mêlé à celui du bois de son casier de rangement.
Tracé en blanc entre mes deux omoplates quand je la porte, mon nom se révèle, courant sur le fond noir de son envers, quand je l’ôte.
C’est dire si nous appartenons l’une à l’autre.
D’ailleurs, je ne pourrais pas me passer d’elle.
M’inspirant de mes propres sensations, je pourrais dire qu’au seuil de chaque salle d’audience, les avocats s'y plongent et qu’elles nous engloutissent.
Selon la rumeur, certain avocat se serait même fait enterré avec la sienne.
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