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Me Boespflug

La plume d’été

La plume d’été

A l’heure de la trêve estivale, Maître L’Imperturbable fait la sieste à l’ombre d’un mûrier.


Un doux bruissement d’insectes le pénètre ; on croirait le crissement d’une plume sur le grain du papier.


Quel bonheur de le redécouvrir, sonore et plein d’impatience.


L’inspiration arrive alors à grand pas, comme jamais aucun stupide ordinateur ne parvient à la provoquer.


La plume court désormais au point de ne plus tracer les mots complétement : elle les allonge en les effilochant.  


Maître L’Imperturbable s’étourdit à la recherche des mots qui convainquent, il biffe, il avance, il rature, il revient en arrière, il améliore, il peauffine, il ponctue !


Oublié le clavier du techno-avocat, esclave du numérique qui efface toutes les tentatives d’écriture sans en laisser de traces.


Rejeté dans l’oubli le monde cybernétique, son charabia et ses exigeantes et ridicules manipulations de mise en forme.


Maître L’Imperturbable qui plaide au bout de sa plume, sombre dans l’extase tandis que l’archet des grillons n’en finit pas de vibrer.


L’Impertinente, 29.7.2021

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